Je viens de regarder CNN et je viens d’apprendre le cataclysme : Le Pen au second tour ! Si, si : ils en parlent ici aux Etats-Unis ! Un peu quoi… « La patrie de la republique au bord du fachisme »… Du coup, j’ai lu les journaux glissés sous ma porte….
Je pense qu’avoir Le Pen au second tour des presidentielles et le taux d’abstention montrent bien la crise réelle de la politique en France. Mon avis est que les français ne sont pas pour autant devenus racistes ou même en faveur d’une France vivant en autarcie mais qu’ils ont trouvé ce moyen (qui couvait depuis 20 ans…) pour demander un peu plus de caractère, de dynamisme, d’idées innovantes et « gonflées » dans les bouches de nos politiciens. Dans l’hypothèse facile que Chirac remporte le second tour, je trouve sain et même rassurant que la France ait pu ainsi déclarer sa volonté de sortir d’un bain ni chaud, ni froid aux arômes fades et dont l’eau n’a pas été changé depuis 30 ans (merci MNS de Gaulle…). Quelque soit sa sensibilité, on ne peut pas ne pas regretter le manque de figures charismatiques dans la classe politique française. Certes, aux jeux du « c’est-pas-moi-qui-l’ai-dit-le-premier » ou du « dire-sans-l’avoir-dit-tout-en-osant-pas-le-penser-très-fort », nous avons dans notre cher pays (cocorico !) des spécimens de carrure mondiale. Attachés à résoudre la quadrature du cercle, choisissant leur couleur par opposition à leurs rivaux et non plus par foi en leurs idéaux, nos hommes et femmes politiques sont devenus des médiateurs, ni plus, ni moins. La plupart d’entre eux ne défendent pas leurs idées (il est à parier que certains n’ont pas trouvé nécessaire d’en avoir) ; ils se contentent d’attaquer celles des autres et de chercher celles émergeant de la majorité d’un peuple qui, semble-t-il, commence à vomir son ballottage de droite à gauche. Ras-le-bol des discours médians et des timides prises de positions : voilà ce que semble vouloir dire cette arrivée au sommet de Jean-Marie le Pen, seul homme moderne (j’exclus par là la symbolique et attachante mascotte Arlette que l’on viendra visiter bientôt du monde entier…) a avoir maintenu son cap depuis 30 ans, contre vents et marées, ou en ce qui le concerne, devrais-je dire, contre tornades et typhons. Seul homme à avoir su incarner une politique certes discutable mais clairement identifiable.
Le royaume de la médiane s’écroule et je dis bravo. C’est un premier pas vers une classe politique plus vivante et plus fédératrice. Espérons maintenant que le deuxième pas dans cinq ans consacre un homme politique moins extrémiste que Le Pen mais aussi moins usé et moins sali que Chirac. Souhaitons également que les Français expriment alors l’affaiblissement d’une gérontophilie étonnante et (cocorico…) unique au monde. Vous me permettrez de finir avec un petit jeu de mot : si Le Pen pouvait ainsi, et pour une fois, ouvrir une porte…